✒ La recommandation 5★ de paris-fantasy : « Amoureux dépité » sur La Tribu Libre

La recommandation 5★ de paris-fantasy : « Amoureux dépité »
tome 2 - La Tribu Libre

La saga d'Aila  fantasy


fantasy

Note : 4.6 / 5 avec 283  critiques

La recommandation 5★ de paris-fantasy :

« Amoureux dépité »

Chère auteure de fantasy,
Je vous avais exprimé mon souhait (irréaliste) d'être inclus dans le second tome pour m'approcher (virtuellement) d'Aila. Je n'avais pas vu qu'il était déjà disponible. Je remets ma demande au tome 4 (le t3 est aussi sorti). Néanmoins, c'est mal barré pour moi au vu de votre dernier chapitre qui a fait monter une terrible colère en moi. Comment…
Excusez ma virulence, mais vous savez si bien susciter l'envie dans votre livre que je crois m'être un peu/beaucoup emporté. Félicitations pour ce brillant roman, continuez et s'il vous plaît, ne m'oubliez pas.
(Source : )

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La Tribu Libre
de

aux Éditions UPblisher
Paru le
Environ 540 pages
Prix : 5,99  en toujours disponible
  → ISBN : 978-2-7599-0097-8 en

 
et aussi :
✯ Éditeur : UPblisher
  → ISBN : 978-2-7599-0096-1 en

✯ Éditeur : UPblisher
  → ISBN : 978-2-7599-0098-5 pour

✯ Distributeur : Amazon
  → ISBN : 978-2-7599-0317-7 en pour ceux qui aiment (14,99  €)

✯ Diffuseur : Amazon
  → ASIN : B01GERN03G pour

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✯ Streameur : Youboox
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Extrait gratuit d'un des livres de la saga d'Aila offert par Catherine Boullery, auteure de fantasy (autres passages sur Amazon). Excellente lecture ;)

Aila sentit le regard interrogateur d’Aubin posé sur elle alors qu’elle rentrait avec Perrain dans la maison. Elle prit beaucoup de temps pour expliquer aux jeunes parents tous les soins à apporter pour que Nelle se remît dans de parfaites conditions. Elle leur apprit à éviter l’infection ou à l’identifier si jamais, malgré toutes les précautions, cette dernière se développait. Elle leur fournissait les plantes indispensables quand Hector ramena le bébé. Il s’excusa auprès des parents d’être un vieil égoïste, mais, il le promettait, il se ferait pardonner. Il le déposa dans les bras de la maman avant de les saluer et de ressortir.
Aila se rapprocha de la mère.
— Vous avez une chance immense d’être encore en vie… Si j’ai un seul conseil à vous donner, évitez de tomber enceinte une nouvelle fois. Je crains qu’un deuxième enfant ne vous tue, et lui avec vous. J’en suis désolée…
La femme hocha imperceptiblement la tête et prit la main de son mari avec une tendresse infinie, tandis que ce dernier s’adressait à Aila :
— Nous avons déjà traversé bien des épreuves, mais, de toutes, celle-ci fut la plus douloureuse. Alors qu’une chance infinie nous est offerte d’être encore heureux ensemble, avec notre petite, comment ne pas la choisir et en respecter le prix ? Je n’oublierai jamais, dame Aila, ce que nous vous devons.
— Vous ne me devez rien. Prenez bien soin de vous.
Une ultime fois, elle regarda la petite famille qu’elle pensait ne plus jamais revoir et, après un dernier geste de la main, elle sortit. Aubin et Avelin étaient déjà repartis pour Avotour.

Hector anima tout le chemin du retour, parlant pour trois. Hubert jouait le rôle de la carpe muette et Aila, épuisée et terriblement inquiète pour ses fées, rongeait son frein. Arrivés au château, le roi descendit les accueillir. Malgré les propos d’Hector, elle redoutait sa réaction. Cependant, contrairement à ses inquiétudes, Sérain alla juste retrouver son ami avant de les inviter à venir se restaurer. La jeune fille déclina l’offre et partit se reposer. Hector n’insista pas pour la retenir, mais ferra Hubert qui dut se joindre à lui. Parvenue à sa chambre, elle retrouva Lomaï, soulagée de la revoir. Son amie ne posa aucune question, la laissant s’allonger avant de sortir discrètement de la pièce. Aila hésita à toucher son livre, les fées devaient elles aussi être très fatiguées, alors elle se résolut à patienter jusqu’au soir pour découvrir les méfaits induits par ses décisions. Les yeux fixés sur le plafond, elle ne bougeait pas, attendant juste que le sommeil vînt et effaçât ces heures si intenses et toutes les interrogations sans réponses qui lui faisaient si peur…

Aila ne se sentait pas mieux à son réveil. Le cœur lourd, elle éprouvait encore une grande lassitude et soupira. Elle avait envie de rester seule et, dans le même temps, elle ressentait une telle solitude. Si seulement Bonneau avait pu être là pour la rassurer. Lui serait sûrement parvenu à la protéger des autres et d’elle-même… Au grincement léger qu’elle provoqua, Aila sut que la porte de sa chambre s’entrouvrait.
— Aila, tu dors ? murmura une voix.
— Non, Aubin, tu peux rentrer.
Elle se redressa et s’assit sur son lit.
— Comment les choses se passent-elles en bas ?
— Bien ! Hector ne tarit pas d’éloges sur toi ! Il raconte comment tu as sauvé sa nouvelle famille et ne cesse de parler de sa seconde fille et de ses parents. Au comble du bonheur, il n’arrête pas ! Alors, explique-moi ! Qu’as-tu encore accompli comme miracle ?
Aila se figea. Elle ne s’était jamais ouverte à quiconque de ses fréquentations avec les fées… En fait, aucune d’elles ne le lui avait interdit, mais, c’était plus fort qu’elle, ce serait comme transgresser un secret… Et pourtant, Aubin était une des rares personnes en qui elle avait toute confiance.
— Oh ! j’ai juste aidé une femme à donner la vie. Ce n’était guère différent que d’aider une jument à pouliner…
— Sauf quand l’accouchement paraît impossible…
— S’il s’est fait, c’est qu’il ne l’était pas !
— Comme pour les cinq flèches ?
Elle soupira et se leva pour faire quelques pas vers la fenêtre.
— Aila, je ne suis pas crédule. Je sais que tu ne me dis pas tout. Je ne te demande pas de me révéler ce que tu gardes pour toi. Cependant, je vois que tu ne te sens toujours pas bien. Et puis, soyons honnêtes, tu te mets sans cesse dans des situations inouïes… Ça passe ou ça casse ! Pour l’instant, c’est passé, mais combien cela t’a-t-il coûté, Aila ? Je ne veux pas vivre tous les jours de mon existence comme si tu allais mourir le lendemain !
La voix brisée, Aubin contenait son chagrin. Aila se retourna pour l’observer : c’était presque un homme maintenant, il avait tellement changé en si peu de temps et c’était son frère. Elle se rapprocha de lui. Incapable de trouver le moindre mot pour le rassurer, elle finit par chuchoter : « Pardonne-moi », dans le creux de son oreille.
— Pourquoi ne veux-tu rien me dire ? questionna-t-il, l’air malheureux.
Elle soupira.
— Parce que je ne le peux pas. Ce serait comme trahir un secret et je n’y parviens pas.
Dans un mouvement d’humeur, Aubin s’écarta.
— Mais tu ne vois donc pas que cela te rend malade ! Va te regarder dans un miroir ! Tu as une tête de déterrée !
Résistant à la curiosité de vérifier les propos de son frère, elle se contenta de répondre :
— Ce n’est pas grave, je suis juste un peu lasse. Demain, tout ira mieux et puis voilà.
— Aila, je ne suis pas d’accord ! Je refuse de te laisser te détruire sans me battre, tu entends ! cria-t-il. Alors, maintenant, tu m’avoues ce qui se passe et tout de suite !
Elle secoua la tête.
— Pas encore, Aubin, je ne suis pas prête…
— C’est ton dernier mot ?
Désespérée, elle le fixa sans répondre. Aussitôt, Aubin se leva et sortit de la pièce en claquant la porte, visiblement furieux, probablement déçu par le manque de sincérité de sa sœur à son égard et très préoccupé pour sa santé. Elle comprenait sa réaction et cela ne faisait que rajouter un peu plus de chagrin dans sa vie et de poids à l’isolement qu’elle créait autour d’elle. Élina frappa et, passant sa tête par l’ouverture, l’informa :
— C’est l’heure du bain, dame Aila. Dois-je vous le faire préparer ?
Pourquoi pas ? Après tout, cela la délasserait. La jeune fille donna son accord et attendit que le baquet fût rempli pour se glisser dans l’eau fumante. Elle voulait juste flotter, se laisser bercer au son des clapotis et ne plus réfléchir, alors que tant d’idées s’entrechoquaient dans sa tête. Elle repensait à la voix du père que son esprit avait perçue avant son oreille, à la mère et à sa fille qu’elle avait réussi à sauver, toutes les deux, mais comment ? Puis sa pensée dériva vers Hubert dont elle ne savait plus déterminer les sentiments. Cela l’inquiétait de repartir en mission avec lui. Et voilà qu’Aubin était vraiment très remonté contre elle… À qui le tour ? Pour Sérain, elle avait déjà plusieurs fois dépassé les bornes. Que tolérerait-il encore d’elle ? Qui d’autres allait-elle retourner contre elle ? Elle était si seule et se sentait si fragile. Élina revint bientôt l’apprêter pour le repas. Presque indifférente à tout, Aila se laissa coiffer et habiller comme si le corps qu’elle habitait n’existait plus. Elle n’attendit pas Hubert pour rejoindre la salle à manger. Cela le fâcherait sûrement, mais après tout, elle n’était plus à ça près…

Seul le roi était dans la pièce, comme à son habitude, tourné vers le feu. Elle s’approcha de lui en silence.
— Encore une journée difficile, lui dit-il, contemplant les flammes.
Elle hocha la tête, ignorant s’il la voyait ou non.
— Ne renoncez pas. Il arrive quelquefois que la vie nous dépasse. À ce moment-là, nos sentiments nous entraînent tellement loin que l’on est certain de ne plus pouvoir revenir en arrière, mais on y parvient, c’est juste une question de temps et de volonté… Gardez espoir, jeune Aila…
Elle inclina une nouvelle fois la tête. Elle aurait aimé lui parler, mais elle n’osa pas ou peut-être ne le pouvait-elle pas. Comme avec Aubin, les mots se bousculaient dans son esprit sans franchir la barrière de ses lèvres. Si seulement elle pouvait revenir en arrière, retourner à Antan. Elle avait cru choisir sa voie et chaque jour qui passait lui prouvait un peu plus qu’elle ne maîtrisait pas sa destinée. C’était comme si la vie l’entraînait malgré elle, sans tenir compte du mal qu’elle suscitait. La combattante n’était plus qu’un pantin dont chacun tirait les ficelles à sa guise… Le reste de la tablée arriva et Aila s’installa. Elle se coupa du monde qui l’entourait, refusant de voir les regards noirs de son frère, rejetant la mine morose d’Hubert et les coups d’œil inquiets d’Avelin. Hector, conforme à son habitude, occupa la soirée d’histoires passionnantes. Malgré son réel talent de conteur, Aila n’écoutait pas, son esprit avait déserté la pièce. Elle n’attendait que la fin du repas, touchant à peine ce qu’on lui servait, et quitta la table dès que la politesse le lui permit. Elle ne savait pas vraiment où elle voulait aller et, sans qu’elle en eût conscience, ses pas la ramenèrent vers le jardin obscur. Dans le coin, elle remarqua un petit banc en pierre où elle s’assit, éperdue de tristesse.
— Je pensais bien vous trouver là…
Elle leva les yeux vers Hector qui en profita pour s’installer à ses côtés.
— Vous avez réalisé des miracles aujourd’hui et vous paraissez si triste. Je voudrais comprendre…
Il ne le pouvait, personne ne le pouvait !
— Aila, ne vous murez pas dans un silence dont vous ne saurez plus vous échapper. C’est la façon dont Hubert a agi et, voyez maintenant, il ignore comment défaire ce qu’il a créé lui-même : il s’est emmuré vivant… Vous semblez porter un fardeau si lourd, cependant, rien ne vous oblige à le supporter seule. Parlez avec votre frère, il n’a cessé de vous regarder avec désespoir pendant toute la soirée. Pour ma part, je venais vous saluer. Je repars demain à la première cloche et j’abhorre les adieux de dernière minute. Je tenais à vous exprimer le plaisir immense que j’ai eu de vous connaître et de vous suivre. Vous n’allez certainement pas me croire, mais j’ai vécu une des plus belles journées de ma vie en amenant ce petit être au monde. Vous savez, ma joie n’était pas feinte et je pensais tout ce que j’ai dit. J’ai juste étoffé mon histoire pour que le chemin du retour soit moins pénible. C’est que vous pouvez être particulièrement peu coopératifs tous les deux quand vous vous y mettez !
Il lui saisit la main et y déposa un baiser. Elle aurait souhaité lui répondre quelque chose, elle avait tant apprécié cet homme si surprenant, mais rien n’y faisait. Il posa un doigt sur ses lèvres.
— Ne me dites rien. Vous pouvez être tellement expressive que je sais déjà toute l’affection que vous me portez. Ne faites qu’une chose pour moi. Allez voir Aubin et partagez avec lui ce qui vous ronge. Je vous fais confiance.
Et il s’en fut, disparaissant entre les ombres du jardin. Le dos d’Aila s’appuya contre le mur et elle ferma les yeux. Immobile, elle essayait de découvrir, parmi toutes les routes qui s’offraient à elle, celle qu’elle devait emprunter…

Bientôt, Aila se trouvait devant sa porte. Elle leva sa main pour frapper, resta ainsi un instant avant de se décider. Puis, quand la poignée tourna, elle dit simplement :
— Je suis venue.
Elle prit place à ses côtés, sur son lit, ne sachant par quoi commencer.
— Est-ce que tu crois aux fées, Aubin ?
— Aux petits êtres invisibles dont parle Hamelin avec passion ? Tu rigoles !
— Elles existent, Aubin. Je le sais parce que je les ai rencontrées et que je leur rends visite chaque nuit.
Pour le coup, il resta interdit.
— T’es… T’es sûre ?
— Tu te souviens du magnifique livre qu’Hamelin t’a demandé de me remettre en mains propres. C’est une espèce de passage de notre monde visible dans leur univers invisible. Quand tu l’as touché, tu n’as rien ressenti. Moi, si, j’ai franchi la porte. Et puis j’ai pris peur et j’ai décidé de rester sourde à leurs appels… jusqu’à Escarfe. Je m’inquiétais. Tu comprends, sire Hubert et moi étions seuls pour protéger Barnais et Airin. Alors, elles m’ont entraînée et elles ont commencé à partager leurs pouvoirs avec moi. Mais je l’ignorais, car, pour me préserver, elles effaçaient mes souvenirs avant la première cloche. Je ne suis au courant que depuis deux jours. À présent, elles poursuivent leur enseignement la nuit et j’en garde la mémoire…
Son frère persistait dans son silence, mais la stupéfaction avait remplacé la colère. Croire aux fées lui paraissait impossible, elles n’existaient pas ! Pour lui, c’était une vérité fondamentale ! Aila pouvait suivre sur son visage le combat qu’il menait dans sa tête entre croire les propos de sa sœur et ses fées ou la traiter de folle… Cette dernière choisit de s’en amuser comme un peu de légèreté dans sa vie.
— La nuit dernière, après avoir partagé le don de guérison des blessures superficielles, j’ai appris à soigner les lésions profondes et je l’ai mis en pratique aujourd’hui. J’ai utilisé mes connaissances en anatomie et tenté l’impossible pour sauver une femme et son enfant qui couraient tous les deux à une mort imminente.
— Mais pourquoi les fées ne redeviennent-elles pas visibles ? s’exclama Aubin, revenu de sa stupeur.
— Parce qu’elles meurent et qu’elles vont disparaître bientôt.
— Ne me dis pas que tu viens de m’annoncer qu’elles existent pour me raconter que, sous peu, cela ne sera plus le cas !
— Malheureusement, si ! Ce que content les légendes est vrai. Elles attendent la venue d’une héritière qui recevrait leurs pouvoirs, un cadeau d’adieu aux hommes avant leur disparition définitive…
— Ce n’est pas à mon âge que je pensais commencer à croire aux contes de fées…
Aubin se frotta le front comme pour y faire rentrer toutes ces nouvelles incroyables.
— Et donc, tu es l’héritière ?
— Non, elles ne font que partager leurs pouvoirs avec moi. Quand elles disparaîtront, je me retrouverai à mon point de départ et je devrai de nouveau apprendre à vivre sans talent particulier.
— Sans talent particulier, c’est vite dit ! Tu dépasses la plupart des combattants que j’ai rencontrés à Antan depuis que je suis né !
— Et pour ta part, tu es devenu un champion pour suivre les pistes. À deux reprises déjà, tu m’as récupérée en pleine nature ! Tu vas finir par ne même plus m’impressionner !
— Et maintenant, que comptes-tu faire ?
— Continuer à recevoir leur magie en partage et aller où mon destin m’emmène. À présent, je ne suis plus maître de ma vie. Je suis devenue une feuille qui se déplace comme le vent la pousse.
— Connaissant ta personnalité éprise de liberté, je suppose que cela est difficile à accepter.
— Complètement, mais je n’ai pas le choix.
— Alors, qu’est-ce que tu m’offres comme tour de magie ?
— Aucun. Mes dons ne sont qu’en partage, je ne peux les utiliser que dans des situations particulières de danger et comme chaque utilisation se révèle fatale aux fées, car, une fois vidées de leur magie, elles meurent… Ainsi, les deux vies que j’ai sauvées cet après-midi ont dû leur coûter très cher. J’ignore même si j’ai bien agi. En fait, c’est mon souci permanent : savoir si je vais dans une direction boudée par les autres parce que je suis la seule à deviner que c’est la bonne, ou parce que je suis juste terriblement butée et arrogante. Je me sens si seule, Aubin, dans cette quête qui me dépasse.
Elle posa sa tête sur son épaule, tandis qu’il l’entourait de ses bras.
— Je trouve ta résistance franchement exceptionnelle… C’est vrai, regarde ! Tu fais face à tout cela sans t’effondrer. Je ne pense pas que je pourrais être aussi fort… Et puis, demain, c’est un jour spécial. Dire que j’ai cru que tu allais me fausser compagnie et me laisser fêter cela tout seul !
— De quoi tu parles, Aubin ?
— Tu sais quelle est la date, demain ?
— Aucune idée !
— Tu es incroyable. Tiens, c’est pour toi. Tant pis, si je te le donne en avance.
Il lui tendit un modeste paquet qu’il avait dissimulé sous son oreiller.
— C’est vrai qu’en ce moment les bijoux te recouvrent de la tête aux pieds, mais tu as parfois l’air si triste que j’aie voulu quelque chose qui te rappelle à quel point je t’aime. Vas-y. Déballe-le !
Elle ouvrit la boîte et y découvrit un petit cœur en pierre noire brillante.
— Tu l’as taillé pour moi ?
— Oui, je sais, ce n’est pas très réussi, mais j’avais envie de le façonner tout seul.
— Quel cadeau magnifique ! Aubin, il ne me quittera plus jamais !
Elle serra son frère sur son cœur.
— Mais, au fait, j’ignore toujours en quel honneur…
— Aila, tu te moques de moi ?
— Non, je t’assure. Tu sais en ce moment, j’ai tellement de repères qui ont disparu, que je devine à peine le jour que nous sommes.
— Bon anniversaire ! s’exclama-t-il.
Elle ouvrit de grands yeux. Alors ça, pour le coup, elle l’avait vraiment oublié !
— À mon tour maintenant, il ne faut pas que je manque le tien dans six mois ! Aïe ! ça va être dur ! Merci, Aubin, pour ta présence malgré mes silences, pour ton courage de me dire que je me trompais, pour être à la fois un frère, un cousin et mon meilleur ami ! Bonne nuit !
— À toi aussi !

Après avoir pris sa graine de Canubre, Aila se retrouva vite au lit. Elle n’avait pas totalement récupéré après ses efforts, mais il lui tardait d’entendre le verdict des fées sur ses sauvetages. Pourvu que cette petite fille fût l’héritière ! Elle plaça le livre à portée de main et attendit le sommeil avec impatience pour être fixée. Mais c’était bien connu, plus l’impatience nous tenait, plus le sommeil nous fuyait. Ainsi, elle mit longtemps pour rejoindre ses amies. Quand elle parvint enfin dans leur jardin, elle vit arriver le nuage de papillons dorés avec appréhension. Elle les regarda prendre taille humaine, leurs toutes petites ailes s’agitant dans le dos.
— Bonsoir à toutes, commença-t-elle.
— Nous te souhaitons toutes le bonsoir, répondit Amylis.
— Je crois que j’ai encore commis des bêtises aujourd’hui…
— Pourquoi dis-tu cela ?
— J’ai fait ce que je n’aurais pas dû faire : privilégier la vie de deux êtres au détriment de tant d’autres. J’ai dû créer beaucoup de souffrance parmi vous…
Elle sentit sa gorge s’obstruer.
— Mais tu as entendu son appel ?
— Oui.
— Alors, tu as rempli ton devoir. De surcroît, nous avons admiré ton extraordinaire exploit. Nous désirions au moins la survie de l’enfant ou de la mère et tu as sauvé les deux. À croire que tu manies mieux la magie que nous… Et je parle très sérieusement. De plus, tu as permis à cette jeune famille pauvre de trouver un asile qu’elle n’aurait jamais osé espérer. Tu distribues le bonheur autour de toi encore plus que tu ne le crois…
— Vous ne diriez pas cela si vous aviez la tête du prince Hubert en face de vous ! Il me considère comme le poison de sa vie !
— La clairvoyance n’est pas donnée à tout le monde. Même au prince, parfois, elle échappe…
— Est-ce que cette petite fille est l’héritière ?
— Non. Celle que nous attendons n’est pas née. Je peux même t’affirmer qu’elle n’a pas encore été conçue. Nous devons être patientes. Que pouvons-nous te proposer ce soir ? Nous avions parlé du déplacement d’objets plus lourds et plus nombreux, mais nous avons pensé que t’apprendre à réchauffer ou refroidir l’air autour de toi, par exemple, pourrait t’être aussi utile. Cela te convient-il ?
— Tout à fait.
— Parfait !
Et la jeune fille vécut ce qu’elle vivait toutes les nuits, un dôme de lumière l’entourait et la transformait en une nouvelle Aila.


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